Crise post-électorale au Cameroun : Le sort des femmes et des enfants
A Garoua dans le Nord du pays, une femme a trouvé la mort prise dans le tourbillon de manifestations alors qu elle rentrait chez elle. À Douala, des mères sont désemparées face à des enfants traumatisés par les violences.
Enseigner a toujours été sa vocation. C'était une maîtresse d'école dévouée et appréciée de ses pairs. A Garoua, sa ville natale, Zouhaira était un exemple pour la jeunesse, une fierté pour sa famille. Aujourd'hui elle repose au cimetière Laïdé Daneyel. Une mort prématurée, brutale qui a ému tout le Cameroun qui découvrait alors l'envers du décor d'une crise politique sans précédent.
Le 21 octobre, Zouhaira rentrait tranquillement à son domicile lorsqu'elle a été prise dans le tourbillon des manifestations qui ont éclaté dans la capitale de la région du Nord. Ce jour-là, des nombreux jeunes en colère ont pris d'assaut les principaux carrefour de la ville comme Badjika , Laindé, pour dénoncer selon eux, une tentative de hold-up électoral en défaveur de
Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre et principal challenger de Paul Biya à la présidentielle du 12 octobre.
Vulnérables
Selon les médias tels que Le Jour, Zouhaira se trouvait en face de la grande mosquée de Poumpoumré lorsqu'elle a été atteinte par des balles. Malgré toutes les tentatives de ses proches désespèrés, Zouhaira est décédée avant son arrivée à l'hôpital.Le témoignage de son papa sur les antennes de la télévision privée Équinoxe TV, indique que la maîtresse d'école a été tuée par un homme ayant fait usage d'une arme à feu. Zouhaira avait 34 ans et la vie devant elle.
Depuis le déclenchement de la crise Post-électorale, la situation des femmes inquiète. Elles font partie des couches les plus vulnérables. Elles doivent faire face à :
Des violences physiques
Des violences psychologiques
Des violences économiques
Elles éprouvent des difficultés à accéder aux ressources et même aux informations.
Le cas de Zouhaira est un exemple de violences physiques. Mais des violences sexuelles ne sont pas à exclure car mardi sur Facebook, une vidéo devenue virale le 29 octobre 2025 montre une jeune femme dans une situation qui fait penser à un viol. Des internautes ont relayé la vidéo, alertant l'opinion qu'il puisse s'agir d'une jeune fille victime de viol dans un abri où elle est allée se réfugier en fuyant les violences éclatées dans la ville de Douala après la proclamation définitive des résultats de l'élection présidentielle du 12 octobre.
En plus de cette situation, à Douala, de nombreuses femmes vivent le manque d'accès aux ressources. En raison des villes mortes qui ont cours dans la ville depuis le 28 octobre, de nombreux magasins et marchés ne sont pas ouverts dans plusieurs quartiers de la ville. Les réserves s'épuisent.
Dans un pays où des gens vivent avec moins de 1000 FCFA par jour, les mères de famille sont soumises à un véritable stress. Difficile pour plusieurs d’entre elles de se ravitailler au jour le jour comme elles en avaient l'habitude.
Un double stress. Car elles doivent également porter la situation psychologique de leurs enfants à tour de bras. Le média en ligne Griotte rapporte que de nombreuses mamans font face impuissantes au traumatisme de leurs enfants parfois témoins malheureux des affrontements entre forces de l'ordre, manifestants et ou pilleurs. Ce traumatisme se manifeste par des crises de larmes et la peur d'aller à l'école.
Trauma
Face à l'urgence de la situation, des associations féministes et celles opérant sur les questions de Santé mentale tentent de s'organiser comme elles peuvent pour apporter de l'aide aux femmes et aux enfants. " Youth for Health and Development of Africa a mis en place un observatoire de santé mentale en période électorale et apporte un accompagnement gratuit.
“Nous sommes ouverts à tout le monde. En priorité les femmes, les jeunes et les personnes vulnérables. On offre un soutien psychologique et un accompagnement en termes d’informations de façon bénévole. On évalue la situation. Si on peut prendre en charge à notre niveau on le fait à défaut on réfère dans les formations sanitaires compétentes”, explique le Dr Hemes Nkwa, Présidente Yoheda. A Elles rayonnent Ensemble, les bureaux de Douala ont dû fermer à cause des villes mortes. Mais un numéro vert est disponible pour les femmes et filles en situation de détresse. Au regard de tout ceci, nous appelons à la paix et à la fin du blocus.

Commentaires
Enregistrer un commentaire